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Faire des réserves l’hiver

La Côte-d’Or, marquée par une insuffisance chronique en eau, est emblématique des difficultés rencontrées dans de nombreuses régions.

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Ce département bourguignon, aux sols majoritairement karstiques ou granitiques, est situé en tête de plusieurs bassins hydrographiques. Une bonne partie de son territoire est classée en ZRE, zone de répartition des eaux caractérisée par une insuffisance chronique des ressources en eau par rapport aux besoins. « Peu d’eau arrive d’ailleurs, beaucoup en repart », résume Vincent Lavier, le président de la chambre départementale d’agriculture. Depuis quatre ans, les agriculteurs subissent de plein fouet les impacts du changement climatique.

Ils cherchent aujourd’hui à sécuriser leur système de cultures ainsi que l’approvisionnement en eau de leurs bovins(1) en stockant l’eau excédentaire l’hiver. « Il s’agit de pallier le fait que la pluie tombe de plus en plus irrégulièrement, provoquant tour à tour inondations et sécheresses, explique Vincent Lavier. Deux heures de débit de la Saône en crue à Lechâtelet, près de Seurre, représente plus que l’eau consommée annuellement par l’irrigation dans le département (5 millions de mètres cubes). » Il y a donc du potentiel à récupérer. Lors d’une réunion, le 22 novembre 2019 à Fauverney, onze projets concernant 528 000 m3, soit 0,01 % de la pluviométrie annuelle de la Côte-d’Or pour un coût estimé de 18 M€ avaient été listés.

Feu vert du préfet… mais pour des petits projets

Un an et demi après, peu d’entre eux ont avancé malgré la création d’un comité départemental « eau ». Le préfet n’a donné son feu vert que pour des petits projets (1000 m3). Des dossiers sur lesquels l’administration faisait de la surenchère en demandant des études supplémentaires « flore et faune » non indispensables .

Malgré tout, le président de la chambre départementale d’agriculture veut rester optimiste et croire que « des dossiers pertinents pour le territoire, portés par des élus et soutenus par la DDT, trouveront un aboutissement positif ». « Sur le bassin de la Seine, creusons l’idée de créer des réservoirs écrêteurs de crues pour prévenir des inondations la métropole parisienne et stocker de l’eau pour l’agriculture. Sans ressource en eau rapidement, il sera difficile de concrétiser les projets alimentaires territoriaux dans lesquel nous nous sommes engagés aux côtés des élus. Si l’on veut atteindre les objectifs fixés, il faudra les adosser à du stockage de l’eau. »

L’exemple de la retenue de Fauverney montre qu’il est possible de conjuguer besoins agricoles et intérêt public. Propriété de la communauté de communes de la Plaine dijonnaise, le bassin de stockage de 130 000 m3 a été réalisé pour pallier l’emprise foncière d’une zone d’activité de 56 ha. Il est approvisionné par l’eau de ruissellement des toits et des parkings de la ZA. Préalablement filtrée dans un débourbeur et un déshuileur, l’eau a permis, depuis, à huit exploitations de diversifier leur assolement avec des cultures à valeur ajoutée.

Deux nouveaux projets de retenues multi-usages sont à l’étude dans l’agglomération dijonnaise, sur l’écoparc de Saint-Apollinaire (110 ha, 372 000 m3 d’eau à stocker) ainsi qu’à Beauregard (80 ha, 100 000 m3). Ils avancent en partenariat avec les collectivités et acteurs locaux. L’idée est de récupérer les eaux de ruissellement de ces grosses zones d’activité en construction. Une partie des volumes stockés le sera au titre de la substitution (arrêt de pompage dans les cours d’eau).

Anne Brehier

(1) Des secteurs comme l’Auxois-Morvan ont connu de très fortes tensions sur l’eau d’abreuvement ces deux dernières années.

© a. b. - « Sur le bassin de la Seine, creusons l’idée de créer des réservoirs écrêteurs de crues pour prévenir des inondations la métropole parisienne et stocker de l’eau pour l’agriculture », avance Vincent Lavier, président de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or. a. b.

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